D'UN PAYS À L'AUTRE - MOHAMAD ALSARI
![]() |
Tatsuro Kiuchi |
en
descendant au tombeau
le cercueil
de la danseuse
se balance
à droite et à gauche
*
mariage
syrien
les enfants
applaudissent
sur le char brûlé
*
retour à la
maison
la chaise de ma grand-mère morte
se balance sur la terrasse
*
mon village
détruit
de nouveau
les épines
me blessent
*
le plus
douloureux
sa photo
sur le mur
épinglée
*
même après sa mort
le fossoyeur prend
le chemin du cimetière
*
oh branche cassée !
combien d'oiseaux
te manquent ?
*
brouillard d' automne
le chien du chasseur hurle
sur la lune
*
il neige
tout ce qui reste du petit arbre
deux mains vers le ciel
*
dans l'ascenseur
avec l'odeur de son parfum
je descends
*
il réapparaît à nouveau
après le dégel
ton cœur sur l’arbre
*
dans le champ de coton
moi et le soleil couchant
ensemble, nous saignons
*
après la pluie
le soleil est un disque lumineux
dans le plat du mendiant
*
dans le même train
les deux pleurent
l'émigré et le rapatrié
*
oh vent!
toutes les fleurs de mon jardin
dans l'image accrochée au mur
*
immigration
ma valise est pleine
d'obscurité
*
tout à coup
à l'ombre des branches nues
un picotement dans le cœur
*
je l'enterre
comme si je plantais
une rose
*
vent d'automne
la chemise fleurie de ma
voisine
dans mon jardin
*
oh mon grand-père
ta vieille lampe
éclaire les souvenirs
*
dé à coudre de mamie
le picotement des aiguilles
dans mon cœur
*
dans ses tableaux
le peintre vend ses secrets
aux étrangers
*
comme le ciel est clair
dans le souvenir
de la bombe atomique
*
si on change les couleurs
la lune devient
un trou dans la neige
*
ta blanche chemise
soleil suspendu
dans mon armoire
*
tiens !
la neige a volé du voleur
les traces de ses pieds !
*
la fourmi
parle à une autre
sur le câble du téléphone
*
même les mots d'amour
partent avec
le bruit du train
*
WhatsApp -
la pluie tombe sur le visage de ma
mère
au Centre des réfugiés
*
d'un pays à l'autre
la lune traverse
les fils barbelés
*
étangs
les émigrés se promènent
entre les nuages
*
coucher du soleil
l'ombre de la tombe de papy
sur la tombe de mamie
*
comme un papillon
vole dans un champ sans fleurs
je te cherche
*
dans sa valise
ma mère dispose
les nuages
MOHAMAD ALSARI
Commentaires